Quelle idée. Quelle idée que celle d'exister là, dans cette capitale de lumière. Que d'exister là et pas ailleurs lorsque l'on fuit l'épiderme des habitants de cette ville semblable à un cœur palpitant fougueusement. On se bouscule, on s'élance dans ce bouillon de vie qu'est Paris et on se laisse entraîner dans son jus avec allégresse. Pourvu qu'on ne soit pas lui.
Lui, il longe les murs. Emmitouflé même en été, il froisse le tissu de ses longues manches avec nervosité tandis qu'il déambule dans les rues bondées de Paris. Lui, il a peur de vous toucher, peur de vous changer. Alors lui, il baisse sa tête pour ne regarder de Paris que ses mornes pavés. Il y pourtant tant à voir.
Pour lui, il est malgré tout des jours qui valent la peine de sauter dans ce bain bouillonnant parisien. Des jours comme ceux où il la voit elle. C'est drôle quand même. Pourquoi elle ? Lui ne sait pas. Ce qu'il sait c'est que son cœur à lui se gonfle lorsque le reflet cuivré de sa chevelure apparait à l'horizon. Lorsque d'un geste gracile elle quitte l'herbe pour se rapprocher du bleu azuré du ciel. Lorsque de ses lèvres rosées s'échappe le son cristallin de sa voix.
Violette ! lui souffle en s'approchant d'elle. Dieu qu'il aimerait pouvoir la serrer tout contre lui ne serait-ce qu'un seul instant.
Je suis vraiment content de te voir aussi, tu es superbe aujourd'hui. Avec délicatesse, il lui tend un bouquet composé de quelques roses roses, gage d'amitié.
En venant, je suis passé devant un fleuriste et j'ai pensé à toi en les voyant. Alors j'ai voulu t'en faire cadeau. S'armant d'un sourire, il chasse les inquiétudes. Ses manches sont longues et ses doigts gantés. Elle ne risque rien à frôler ses doigts. Elle ne risque rien.