Caractère:

Toute la santé de Paris humaine comme demis connait le Docteur Széchenyi – cette ombre des mauvais temps modernes qui toise en hautaine tempête les maladifs prétendants au purgatoire ; son accent estampé sur des mots tourmentés, grave comme les nuages d’orages ; ses œillades brisées d’éclairs, qui gèlent tous les sangs chauds en flots torves de pierre – le docteur est votre perte, abattant avec verve sur vos cœurs invalides sa verbale foudre fracassée.

Antipathique médecine destinée à aider ; coléreuse bienfaitrice qui soigne sans pitié – toute la santé de Paris humaine comme demis déteste le Docteur Széchenyi, ses crises emportées d’ouragan et ses caprices déchaînés par la bourrasque. Elle est tous les jours cruel éclair qui strie les cieux brisant dans son sillage exaspéré des larmes en rafales tristes torrents de pluie – elle en a fait pleurer des internes Széchenyi et même des vrais doctorants tout-à-fait grandis ; mais personne n’échappe au mauvais temps –  c’est là la légende de Paris. Dans son dos bouillonnent les noires brumes de la rancune acerbe et des vieilles amertumes – mais personne ne tient tête aux intempéries –  c’est là la fatalité de Paris. Le Docteur Széchenyi est un effroyable génie qu’on déteste à l’abri de son obscure rage et de ses colères de verre. Impossible de défier le spectre le plus haï et le plus respecté de la capitale ; hantant avec une froide dextérité les chambres de la Pitié comme les corps fiévreux dont elle s’occupe avec brio sans compassion, elle taille avec une habileté inégalée sa part du lion dans l’organisme de ses patients jamais heureux, toujours contents – le docteur Széchenyi est un terrible esprit régnant supérieurement sur un art que beaucoup lui envient ; reine sur son domaine qu’elle exerce en dictatrice la sorcière aux doigts de fée conforte sans confort et soigne sans aimer.

Fantôme inhumain ressuscitant insensiblement les morts sans avenir, Széchenyi est crainte en silence respectueux haie à coups légers de grands sourires sucrés et de salutations maquillée aux lourdes tendresses emmiellées –  mais renvoie en houle aigre ses douces civilités ; n’aime personne qui ne soit mort malgré sa dévotion à la vie – cruelle (comme elle) ironie.  Elle est amie sans attache de sa fière solitude, car nulle âme ne mérite de pénétrer son boudoir maudit aux murs éclaboussés d’ignominie. Insoutenable bouche de malheur qui derrière son rideau masqué se clôt en immense rire sur l’horreur ; on dit par-delà son ombre qu’elle élève des cadavres divers en son appartement nourris dans des bocaux de formol colorés par son appétence fascinée ; on dit qu’en riant elle découpe tranche et recoud sur le fil des nuits durant de pauvres esprits lointains autrefois bien vivants ; on dit que faute de pouvoir goûter au matériel sel tant convoité elle sucre ses mets aseptisés avec le sang des charognes oubliées à la morgue – on dit ceci et cela vagues de bruits dans les couloirs mais les murs ont des oreilles et de derrière la plainte quand on commère avance toujours esprit masqué l’ombre des temps modernes sans répit précédée de sa sentence aux accents graves comme les nuages d’orages – vous êtes v i r é s

Toute la santé de Paris humaine comme demis connait la terreur sous le règne clinique du docteur Széchenyi et de sa grande pitié dénudée d'empathie ; prête à tourmenter les patients alités des blanches maisons hantées elle n'a d'autre soucis que d'en causer le plus possible aux hommes sa propre lie de l'humanité – entre la peste et le choléra Kamilla en dedans a opté pour une moitié de vaccin empoisonnée par ses tourments.

Histoire:

Génie de l’est immergée à la haine affectueusement alcoolisée
Au sommet du numerus clausus son Olympe assiégée
Génie de l’est émigrée enragée  
En proie à ses antiques fantômes déçus
Opta pour une insidieuse révolte fuyante
Esprit de l’est à Paris s’éprend mauvaise de la Pitié
Ecume des egos échos d’enfantines rancunes
Guérit pour contaminer les poisons qui l’aggravent
Génie de l’est à la cruelle justice
Revenant d'un passé ornementé de morosité  
Hante vos sentencieux présents inconscients  
Pour mieux triompher de son mal.